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  • : Tigre de Feu
  • : Mon Univers : littérature, sciences et histoire se côtoient avec une pointe d'humour et de musique dans une chaude ambiance de feu agrémentée de photos, de dessins, de nouvelles et de citations.
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3 août 2023 4 03 /08 /août /2023 15:51

Ce weekend j'ai fait la même chose que le weekend dernier ainsi que les weekends précédents. Je me suis reveillé dimanche matin comme tous les dimanches matins dans ma chambre obscurcie par la pénombre et où tout était gris. Des jeux d'ombres se saisissaient des objets ternes de la pièce, les changeant en créatures bizarres. Comme chaque dimanche, je me suis levé, je me suis dirigé vers la fenêtre et j'ai ouvert les volets et fait entrer la lumière blafarde d'un jour gris comme l'est un jour sur deux. La chambre emplie de lumière blanchâtre, les étranges créatures se sont enfuies, parties se terrer dans les recoins du néant en rendant leur place aux objets du quotidien en léger désordre. Comme chaque dimanche matin.

Comme chaque dimanche matin, je suis sorti de ma chambre, suis passé aux toilettes avant de me rendre dans la cuisine où m'attendaient sagement une collection d'objets familiers. Comme tous les dimanches matins, je me suis fait un café dans ma tasse habituelle, celle qu'on m'a offerte pour mon anniversaire, je ne sais plus de quelle année. En buvant mon café, je regardais la dentelle que la mousse formait sur la paroi marquée par des années de cafés quotidiens. J'écoutais la radio d'une oreille inattentive en scrollant sur mon téléphone, en même temps que des millions de gens unis dans un même rituel dominical. Un mentaliste qui explique une technique de manipulation mentale, un enfant qui en éclabousse un autre, une anecdote historique, un chien qui joue dans une piscine, une recette de cuisine... En levant les yeux, j'ai remarqué une pomme fripée. Je me suis dit qu'il faudrait que je la mange aujourd'hui. Puis, je me suis levé, j'ai mis ma tasse dans l'évier et me suis dirigé vers le salon. Là, j'ai allumé la télé, regardé quelques clips et quelques flash news. Ensuite, je suis retourné dans ma chambre, j'ai enfilé une paire de blue jeans et un pull marron. J'ai pris la laisse, appelé le chien et suis sorti avec un parapluie au cas où. À peu près comme chaque matin.

Dehors, la rue était effrontément pareil que d'habitude, avec la même disposition de poubelles, les mêmes creux et bosses que d'habitude. J'ai promené le chien autour du quartier en faisant le même circuit que d'habitude sous les mêmes arbres qui, eux au moins, se donnaient la peine de changer avec les saisons en jaunissant inlassablement. J'ai fait le ramasse-merde à une intersection. J'ai croisé des gens qui tiraient la tronche. La plupart d'entre eux, hommes comme femmes, portaient un manteau noir, comme s'il fallait porter un uniforme pour sortir, comme s'il était nécessaire de se rappeler à quel point le temps est lugubre. Des voitures passaient en un ballet régulier.

Une fois rentré je me suis affalé sur le canapé avec un livre que j'ai commencé il y a six mois et dont j'ai égaré le marque-page. J'ai mis mes écouteurs et une musique de mon répertoire. And all the roads that lead you there were winding / And all the lights that light the day are blinding. Je me suis efforcé de retrouvé le passage ou je m'étais arrêté, la page, le chapitre. J'ai repris la lecture à un passage que j'avais déjà lu mais que j'avais eu le temps d'oublier. Mes yeux parcouraient les mots sans les lire. J'ai éteint ma musique en gardant mes écouteurs et j'ai continué à lire. La pluie commençait à tapoter le toit et à suinter le long des fenêtres. Le temps imposait sa présence par le tic-tac incessant et régulier de l'horloge. La pluie se mêlait au tic-tac de l'horloge, comme si le temps se mêlait au temps. Au bout d'une demie-heure, mes yeux se levaient de la page, regardant dans le vague, mes pensées défiant la lecture. Mon regard se posait sur les plantes d'intérieur et les décorations qui ornaient le meubles de la télévision telles des offrandes à une divinité. J'ai refermé mon livre en le laissant sur la table basse. Je suis retourné dans ma chambre et j'ai allumé mon ordinateur et suis allé sur YouTube. J'ai regardé des vidéos de creepy pasta pendant un petit moment. J'ai regardé mon fil d'actualité Facebook. Finalement, j'ai eu un petit creux. Alors je me suis levé pour aller à la cuisine.

Une fois dans la cuisine, j'ai ouvert le frigo, je suis resté un moment devant les aliments qui s'offraient à moi. une dizaine d'oeufs siégeaient au garde-à-vous sur l'étage supérieur de la porte. Un sachet de jambon déjà ouvert baillait, s'ouvrant sur une langue rose dont le bord commençait à sécher, un pot de crème fraîche racontait des histoires de crème fraîche au beurre et à la moutarde, perché au-dessus d'un amoncellement de fromages et de tranches d'à-peu-près tout, un steak s'ennuyait dans son emballage plastique, une bouteille de Coca me faisait de l'oeil. J'ai refermé le frigo, ouvert les placards dans lesquels la nourriture s'habillait de carton et de plastique qui renfermaient les aliments et les soustrayaient au regard, les gardaient comme quelque chose de honteux qu'il fallait laisser caché. J'ai refermé les placards un par un, rouvert le frigo, sorti une paire d'oeufs, refermé le frigo, rouvert un placard, sorti un paquet de riz et refermé le placard. J'ai pris une casserole dans un tas de casseroles empilées les unes dans les autres ainsi qu'une poêle, j'ai posé la poêle sur la plaque électrique, ouvert le robinet et rempli la casserole que j'ai aussi posée sur la plaque électrique. J'ai mis du sel dans l'eau de la casserole, de l'huile dans la poêle, et allumé les plaques. En attendant que mes ustensiles chauffent, je scrollais mon téléphone. Une fois que c'était bouillant, j'ai versé le riz dans la casserole et cassé les oeufs dans la poêle en remuant vite pour mélanger le jaune et le blanc. En attendant que ça cuise, j'ai sorti la bouteille de Coca et un verre et me suis servi un verre de Coca en continuant à scroller et en surveillant la cuisson du riz et des oeufs de temps en temps. Une fois que c'était prêt, j'ai arrêté la cuisson, sorti une assiette, versé l'omelette dans une assiette et le riz dans une passoire puis de la passoire dans mon assiette. J'ai mangé mon riz et mon omelette en buvant du Coca. Une fois fini, j'ai mangé la pomme fripée de ce matin histoire de ne pas la laisser pourrir. Ensuite, j'ai pris mon assiette, mes couverts et mon verre et je les ai posés dans l'évier. Je me suis dirigé vers le salon.

Là, une éclaircie illuminait la pièce, des rayons de soleil se détachaient sur le sol et les meubles. La pluie avait cessé. Je me suis assis sur le canapé, j'ai allumé la télé et mon chien m'a rejoint et j'ai carressé mon chien en regardant la télé. Des émissions de télé-réalité américaine pour ado s'enchaînaient, j'ai fini par zapper et je suis tombé sur une rediffusion d'un téléfilm allemand en cours. À la fin, la nana a envoyé ses chansons à une boîte de production par la poste et le film s'est terminé là-dessus. Après avoir zappé deux, trois fois sur une émission de cuisine, un reportage de société et une page de pub, j'ai éteint la télé et repris mon livre et ma lecture là où j'avais décroché. J'ai lu pendant environ une heure avant de décrocher de nouveau et d'avoir la bougeotte. Alors je me suis dirigé vers ma chambre. J'ai fouillé dans mon placard pour enfiler un survêtement de sport puis je me suis dirigé vers la porte d'entrée pour enfiler mes baskets. En voulant les prendre, je me suis aperçu qu'elles n'étaient pas à leur place habituelle. J'ai cherché autour, en vain. Je suis retourné dans ma chambre pour essayer de les trouver, toujours en vain. Alors, je suis retourné m'assoir sur le canapé et j'ai rallumé la télé. Au cours d'un reportage touristique, je me suis souvenu que mes baskets avaient été lavées la veille et donc qu'elles devaient être sur le sèche-linge, ce que je suis allé voir sans trop me précipiter. Bingo! Je les ai enfilées et me suis dirigé vers la sortie.

J'ai couru sur du sol encore humide et dans l'air flottait une odeur de sol après la pluie. Un arc-en-ciel s'esquissait timidement dans un coin sur le ciel encore grisonnant. La cadence de mes pas rythmait ma course qui se calquait sur le rythme de la musique dans mes écouteurs. And all the roads that lead you there were winding / And all the lights that light the day are blinding. Je courais en observant les alentours, plongé dans mes pensées. Au bout d'environ une heure, j'ai arrêté de courir, j'ai continué en marchant jusqu'à chez moi.

Une fois chez moi, j'ai enlevé mes baskets, je suis allé dans ma chambre et j'ai rallumé mon ordinateur que j'avais laissé en veille. J'ai regardé des vidéos sur YouTube, puis je suis allé sur Netflix, j'ai regardé deux épisodes de Black Mirror et puis j'ai cherché un film. Finalement, j'ai fini par trouver un film un peu glauque où des gens se suicidaient après avoir vu des créatures qu'on ne voit jamais dans le film. Ensuite, je me suis allongé sur mon lit en scrollant mon portable. Puis, j'ai posé mon portable et j'ai fixé mon plafond où deux, trois mouches évoluaient. L'une d'elle s'envolait, faisait un tour puis se reposait, puis elle recommençait. Ensuite, j'ai fermé les yeux. Je les ai rouverts dix ou quinze minutes plus tard. J'ai repris mon portable. Je l'ai reposé, j'ai regardé un jeu de lumière danser sur mon mur. J'ai trouvé le temps long. J'ai eu un creux, je me suis levé pour aller à la cuisine.

Là, j'ai décidé de mettre un terme à l'ennui du steak au fond du frigo. Alors, je l'ai mis dans la poêle, rerempli une casserole d'eau et une fois l'eau bouillante je l'ai remplie de pâtes. Une fois que c'était prêt, j'ai ressorti une assiette, sorti la moutarde et la bouteille de Coca du frigo. J'ai mangé. Quand j'ai fini, j'ai débarassé et j'ai fait la vaisselle que j'ai laissée égouter puis j'ai nettoyé la table. Je suis retourné dans le salon ou le chien était couché dans son panier. Je me suis assis. Le chien s'est levé, j'ai repris la laisse, la lui ai mise autour du cou et suis sorti avec mon chien. Les lampadaires allumés habillaient la rue de halos jaune pâle qui perçaient la légère brume. J'ai refait le même tour de quartier avec le chien, recroisé les gens qui font la tronche à moitié invisibles avec leurs manteaux noirs.

Je suis rerentré, j'ai détaché la laisse, le chien est allé jouer avec un jouet qui fait couic-couic quand il le mord. Je suis retourné dans ma chambre et j'ai rallumé l'ordinateur. J'ai maté quelques clips, quelques vidéos suggérées, puis j'ai mis mon pyjama, je suis allé me brosser les dents, j'ai fermé mes volets et je me suis glissé entre mes couettes. J'ai scrollé, puis j'ai éteint la lumière. Comme chaque dimanche soir.

Monotonie
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commentaires

A
La reine de la description. Vocabulaire d'une grande justesse et un talent certain ! Bravo !
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