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3 août 2023 4 03 /08 /août /2023 15:51

Ce weekend j'ai fait la même chose que le weekend dernier ainsi que les weekends précédents. Je me suis reveillé dimanche matin comme tous les dimanches matins dans ma chambre obscurcie par la pénombre et où tout était gris. Des jeux d'ombres se saisissaient des objets ternes de la pièce, les changeant en créatures bizarres. Comme chaque dimanche, je me suis levé, je me suis dirigé vers la fenêtre et j'ai ouvert les volets et fait entrer la lumière blafarde d'un jour gris comme l'est un jour sur deux. La chambre emplie de lumière blanchâtre, les étranges créatures se sont enfuies, parties se terrer dans les recoins du néant en rendant leur place aux objets du quotidien en léger désordre. Comme chaque dimanche matin.

Comme chaque dimanche matin, je suis sorti de ma chambre, suis passé aux toilettes avant de me rendre dans la cuisine où m'attendaient sagement une collection d'objets familiers. Comme tous les dimanches matins, je me suis fait un café dans ma tasse habituelle, celle qu'on m'a offerte pour mon anniversaire, je ne sais plus de quelle année. En buvant mon café, je regardais la dentelle que la mousse formait sur la paroi marquée par des années de cafés quotidiens. J'écoutais la radio d'une oreille inattentive en scrollant sur mon téléphone, en même temps que des millions de gens unis dans un même rituel dominical. Un mentaliste qui explique une technique de manipulation mentale, un enfant qui en éclabousse un autre, une anecdote historique, un chien qui joue dans une piscine, une recette de cuisine... En levant les yeux, j'ai remarqué une pomme fripée. Je me suis dit qu'il faudrait que je la mange aujourd'hui. Puis, je me suis levé, j'ai mis ma tasse dans l'évier et me suis dirigé vers le salon. Là, j'ai allumé la télé, regardé quelques clips et quelques flash news. Ensuite, je suis retourné dans ma chambre, j'ai enfilé une paire de blue jeans et un pull marron. J'ai pris la laisse, appelé le chien et suis sorti avec un parapluie au cas où. À peu près comme chaque matin.

Dehors, la rue était effrontément pareil que d'habitude, avec la même disposition de poubelles, les mêmes creux et bosses que d'habitude. J'ai promené le chien autour du quartier en faisant le même circuit que d'habitude sous les mêmes arbres qui, eux au moins, se donnaient la peine de changer avec les saisons en jaunissant inlassablement. J'ai fait le ramasse-merde à une intersection. J'ai croisé des gens qui tiraient la tronche. La plupart d'entre eux, hommes comme femmes, portaient un manteau noir, comme s'il fallait porter un uniforme pour sortir, comme s'il était nécessaire de se rappeler à quel point le temps est lugubre. Des voitures passaient en un ballet régulier.

Une fois rentré je me suis affalé sur le canapé avec un livre que j'ai commencé il y a six mois et dont j'ai égaré le marque-page. J'ai mis mes écouteurs et une musique de mon répertoire. And all the roads that lead you there were winding / And all the lights that light the day are blinding. Je me suis efforcé de retrouvé le passage ou je m'étais arrêté, la page, le chapitre. J'ai repris la lecture à un passage que j'avais déjà lu mais que j'avais eu le temps d'oublier. Mes yeux parcouraient les mots sans les lire. J'ai éteint ma musique en gardant mes écouteurs et j'ai continué à lire. La pluie commençait à tapoter le toit et à suinter le long des fenêtres. Le temps imposait sa présence par le tic-tac incessant et régulier de l'horloge. La pluie se mêlait au tic-tac de l'horloge, comme si le temps se mêlait au temps. Au bout d'une demie-heure, mes yeux se levaient de la page, regardant dans le vague, mes pensées défiant la lecture. Mon regard se posait sur les plantes d'intérieur et les décorations qui ornaient le meubles de la télévision telles des offrandes à une divinité. J'ai refermé mon livre en le laissant sur la table basse. Je suis retourné dans ma chambre et j'ai allumé mon ordinateur et suis allé sur YouTube. J'ai regardé des vidéos de creepy pasta pendant un petit moment. J'ai regardé mon fil d'actualité Facebook. Finalement, j'ai eu un petit creux. Alors je me suis levé pour aller à la cuisine.

Une fois dans la cuisine, j'ai ouvert le frigo, je suis resté un moment devant les aliments qui s'offraient à moi. une dizaine d'oeufs siégeaient au garde-à-vous sur l'étage supérieur de la porte. Un sachet de jambon déjà ouvert baillait, s'ouvrant sur une langue rose dont le bord commençait à sécher, un pot de crème fraîche racontait des histoires de crème fraîche au beurre et à la moutarde, perché au-dessus d'un amoncellement de fromages et de tranches d'à-peu-près tout, un steak s'ennuyait dans son emballage plastique, une bouteille de Coca me faisait de l'oeil. J'ai refermé le frigo, ouvert les placards dans lesquels la nourriture s'habillait de carton et de plastique qui renfermaient les aliments et les soustrayaient au regard, les gardaient comme quelque chose de honteux qu'il fallait laisser caché. J'ai refermé les placards un par un, rouvert le frigo, sorti une paire d'oeufs, refermé le frigo, rouvert un placard, sorti un paquet de riz et refermé le placard. J'ai pris une casserole dans un tas de casseroles empilées les unes dans les autres ainsi qu'une poêle, j'ai posé la poêle sur la plaque électrique, ouvert le robinet et rempli la casserole que j'ai aussi posée sur la plaque électrique. J'ai mis du sel dans l'eau de la casserole, de l'huile dans la poêle, et allumé les plaques. En attendant que mes ustensiles chauffent, je scrollais mon téléphone. Une fois que c'était bouillant, j'ai versé le riz dans la casserole et cassé les oeufs dans la poêle en remuant vite pour mélanger le jaune et le blanc. En attendant que ça cuise, j'ai sorti la bouteille de Coca et un verre et me suis servi un verre de Coca en continuant à scroller et en surveillant la cuisson du riz et des oeufs de temps en temps. Une fois que c'était prêt, j'ai arrêté la cuisson, sorti une assiette, versé l'omelette dans une assiette et le riz dans une passoire puis de la passoire dans mon assiette. J'ai mangé mon riz et mon omelette en buvant du Coca. Une fois fini, j'ai mangé la pomme fripée de ce matin histoire de ne pas la laisser pourrir. Ensuite, j'ai pris mon assiette, mes couverts et mon verre et je les ai posés dans l'évier. Je me suis dirigé vers le salon.

Là, une éclaircie illuminait la pièce, des rayons de soleil se détachaient sur le sol et les meubles. La pluie avait cessé. Je me suis assis sur le canapé, j'ai allumé la télé et mon chien m'a rejoint et j'ai carressé mon chien en regardant la télé. Des émissions de télé-réalité américaine pour ado s'enchaînaient, j'ai fini par zapper et je suis tombé sur une rediffusion d'un téléfilm allemand en cours. À la fin, la nana a envoyé ses chansons à une boîte de production par la poste et le film s'est terminé là-dessus. Après avoir zappé deux, trois fois sur une émission de cuisine, un reportage de société et une page de pub, j'ai éteint la télé et repris mon livre et ma lecture là où j'avais décroché. J'ai lu pendant environ une heure avant de décrocher de nouveau et d'avoir la bougeotte. Alors je me suis dirigé vers ma chambre. J'ai fouillé dans mon placard pour enfiler un survêtement de sport puis je me suis dirigé vers la porte d'entrée pour enfiler mes baskets. En voulant les prendre, je me suis aperçu qu'elles n'étaient pas à leur place habituelle. J'ai cherché autour, en vain. Je suis retourné dans ma chambre pour essayer de les trouver, toujours en vain. Alors, je suis retourné m'assoir sur le canapé et j'ai rallumé la télé. Au cours d'un reportage touristique, je me suis souvenu que mes baskets avaient été lavées la veille et donc qu'elles devaient être sur le sèche-linge, ce que je suis allé voir sans trop me précipiter. Bingo! Je les ai enfilées et me suis dirigé vers la sortie.

J'ai couru sur du sol encore humide et dans l'air flottait une odeur de sol après la pluie. Un arc-en-ciel s'esquissait timidement dans un coin sur le ciel encore grisonnant. La cadence de mes pas rythmait ma course qui se calquait sur le rythme de la musique dans mes écouteurs. And all the roads that lead you there were winding / And all the lights that light the day are blinding. Je courais en observant les alentours, plongé dans mes pensées. Au bout d'environ une heure, j'ai arrêté de courir, j'ai continué en marchant jusqu'à chez moi.

Une fois chez moi, j'ai enlevé mes baskets, je suis allé dans ma chambre et j'ai rallumé mon ordinateur que j'avais laissé en veille. J'ai regardé des vidéos sur YouTube, puis je suis allé sur Netflix, j'ai regardé deux épisodes de Black Mirror et puis j'ai cherché un film. Finalement, j'ai fini par trouver un film un peu glauque où des gens se suicidaient après avoir vu des créatures qu'on ne voit jamais dans le film. Ensuite, je me suis allongé sur mon lit en scrollant mon portable. Puis, j'ai posé mon portable et j'ai fixé mon plafond où deux, trois mouches évoluaient. L'une d'elle s'envolait, faisait un tour puis se reposait, puis elle recommençait. Ensuite, j'ai fermé les yeux. Je les ai rouverts dix ou quinze minutes plus tard. J'ai repris mon portable. Je l'ai reposé, j'ai regardé un jeu de lumière danser sur mon mur. J'ai trouvé le temps long. J'ai eu un creux, je me suis levé pour aller à la cuisine.

Là, j'ai décidé de mettre un terme à l'ennui du steak au fond du frigo. Alors, je l'ai mis dans la poêle, rerempli une casserole d'eau et une fois l'eau bouillante je l'ai remplie de pâtes. Une fois que c'était prêt, j'ai ressorti une assiette, sorti la moutarde et la bouteille de Coca du frigo. J'ai mangé. Quand j'ai fini, j'ai débarassé et j'ai fait la vaisselle que j'ai laissée égouter puis j'ai nettoyé la table. Je suis retourné dans le salon ou le chien était couché dans son panier. Je me suis assis. Le chien s'est levé, j'ai repris la laisse, la lui ai mise autour du cou et suis sorti avec mon chien. Les lampadaires allumés habillaient la rue de halos jaune pâle qui perçaient la légère brume. J'ai refait le même tour de quartier avec le chien, recroisé les gens qui font la tronche à moitié invisibles avec leurs manteaux noirs.

Je suis rerentré, j'ai détaché la laisse, le chien est allé jouer avec un jouet qui fait couic-couic quand il le mord. Je suis retourné dans ma chambre et j'ai rallumé l'ordinateur. J'ai maté quelques clips, quelques vidéos suggérées, puis j'ai mis mon pyjama, je suis allé me brosser les dents, j'ai fermé mes volets et je me suis glissé entre mes couettes. J'ai scrollé, puis j'ai éteint la lumière. Comme chaque dimanche soir.

Monotonie
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15 janvier 2022 6 15 /01 /janvier /2022 09:08

Le matin glacé s'éveillait sous un soleil levant perçant l'atmosphère de ses froids rayons blancs. Le frimas avait décoré les espaces verts et le mobilier urbain de ses griffes blanches acérées. Deux oiseaux noirs picoraient des restes de malbouffe qu'un inconnu en surpoids avait négligemment laissé tomber la veille puis allèrent se percher sur l'arbre pour y gober ses fruits écarlates qui contrastaient avec le ciel bleu. La fontaine gelée laissait entrevoir des feuilles mortes au fond du bassin, prisonnières de la glace. Des tons pastels peignaient dans le ciel hivernal un doux dégradé bleu clair et ambré sur lequel se découpaient les branches anthracite des arbres recouverts de leur manteau glacial. Le froid me piquait au visage et aux mains. Sa morsure réveillait en moi la mémoire des ancêtres plus ou moins lointains qui vivaient au gré des saisons, s'accoutumant de leur rudesse. Cette force tranquille de la nature, qui frappait doucement depuis des millénaires me fit soudain ressentir le feu de la vie, celui qui nous fait nous sentir exister, lutter pour survivre, au contact direct de cette nature hostile mais essentielle.

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13 décembre 2021 1 13 /12 /décembre /2021 18:32
Exercice de style sur un lever de soleil

Le clan avançait dans la plaine depuis près d'une heure sous la voûte étoilée. La nuit était calme, le ciel dégagé laissait apparaitre le firmament. Le zénith était pailleté de petits diamants étincelants se rassemblant en une longue trainée poudrée. La lune pâle nous éclairait de sa lumière opale. Le petit matin libérait son bouquet de parfums naturels galvanisés par la rosée. L'air pur et frais emplissait nos poumons et ressortait sous forme d'une fine buée. Les forêts et les montagnes nous faisaient une haie d'honneur. Un ruisseau nous servit de compagnon de route. Les sabots de six cents chevaux frappant le sol en cadence rythmaient notre périple. Nous galopions, sauvages mais humbles, au milieu de cette majestueuse nature. On entendait les oiseaux s'éveiller et chanter la naissance du jour. Le bleu marine du zénith laissait bientôt place au cobalt, puis au turquoise et à des teintes ambrées. À l'horizon, Aurore se levait, chassant les dernières ténèbres de sa chevelure d'or. Sa perle éblouissante reposait sur son écrin de montagnes aux sommets enneigés. Elle s'admirait avec une insolence que seul peut se permettre l'astre du jour dans les eaux cristallines d'un lac. Des nuages plats et cotonneux lui emboîtaient le pas, formant sa longue traine. Des échassiers s'élevaient des pics montagneux, formant sa garde royale. Le levant embrasait les collines dont le bleu se découpait sur l'horizon. Ses rayons réchauffaient nos corps et nos cœurs. Ils coloraient le paysage d'une teinte cuivrée. Lorsque le soleil atteindra son zénith, nous serons sur le point d'atteindre le royaume.

Exercice de style sur un lever de soleil
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7 décembre 2021 2 07 /12 /décembre /2021 20:41

Quand la porte s’ouvrit, un grand gaillard souriant se trouvait dans le passage et me fit entrer. Il portait une veste bleu marine et son cou était étranglé par une cravate bicolore. Il me tendit son épaisse main qui écrasa mes phalanges. Puis, de l’autre, il m’indiqua le porte-manteau, m’invitant à découvrir mes épaules ainsi que ce qui serait désormais mon espace de travail. Au milieu de la pièce régnait le bureau en bois massif sur lequel trônait un ordinateur noir accompagné de son imposante tour. Contre le mur siégeait une armoire, sur elle, reposait une imprimante dont la gueule ouverte semblait réclamer sa manne de papier. Je pouvais observer pêle-mêle des piles de dossiers de différentes couleurs entassés sur le bureau et sur l’armoire. Des dossiers bleus, des verts, certains étaient jaunes, d’autres roses. Ils étaient plus ou moins épais. Alors que certains, les plus fins, avaient la délicatesse de ne renfermer que quelques pages, d’autres s’enorgueillissaient d’avoir l’épaisseur d’un dictionnaire. Au mur, une stricte horloge allait rythmer ma journée, ponctuée de détails de plus ou moins grande importance et dont me reviendrait la tâche de les ordonner ; c’est elle qui, de ses aiguilles acérées, contrôlerait mon respect des échéances, me dirait quand arriver et m’autoriserait à partir. Ce tableau m’inspirait un mélange d’excitation et d’anxiété. Un étrange sentiment d’achèvement m’envahit, traduisant à la fois le fait d’avoir trouvé sa place dans le monde du travail et la fermeture d’un faisceau de potentialités professionnelles que j’avais imaginées des années auparavant.

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2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 17:45

Ce matin, j’aurais aimé que ce ne fût qu’un rêve. Ce matin, je me suis réveillé·e dans un monde malade. Dans un monde fou. Aujourd’hui encore, en me réveillant ce souvenir m’est réapparu. Ces images que j’avais vues la veille m’ont de nouveau sauté au visage. Ce matin, encore. Comme tous les matins qui suivront. Ce matin, ce souvenir m’est revenu, ce souvenir que j’habitais dans un monde que la raison avait quitté. La réalité m’est revenue, m’étouffant de ses doigts glacés, creusant mes entrailles de ses griffes acérées. Le rêve et la réalité semblent s’être inversé·e·s. Le sommeil est le répit qui me permet de sortir de ce cauchemar et l’éveil me plonge dans ce cauchemar éveillé. Je me suis réveillé·e dans la cinquième dimension. Dans une réalité parallèle. À chaque réveil, une sensation de surréalisme me prend. À chaque instant, une sensation d’irréel m’étreint. Je n’y crois pas. J’ai l’impression d’être hors de ce monde, de regarder le monde à travers une vitre, à travers un écran d’une salle de cinéma dans laquelle on m’aurait embastillé·e et qui diffuse un film d’horreur science-fiction qui n’en finit pas. Et pourtant, tout cela est bien réel. Oh ! Comme j’aurais aimé me rendormir ! Et me réveiller que tout cela ne fût qu’un mauvais rêve ! Comme j’aurais aimé me rendormir, quitter ce monde et ne plus le retrouver ! Je me suis souvenu·e, en ouvrant les yeux que dehors, déjà, des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes et des moins jeunes étaient obligés de se couvrir le nez et la bouche pour sortir. Ils y sont obligés non pas par nécessité, ils y sont obligés par décret. Cela a d’abord commencé dans les lieux couverts, puis cela a été étendu à certains lieux ouverts, et depuis, cela a commencé à se généraliser à tous les lieux achalandés que ce soit en intérieur ou en extérieur. Chaque rue fait désormais l’objet d’une obligation de dissimuler une partie de son visage. Et maintenant, ce sont les enfants qui sont privés d’air huit heures par jour dans les salles de classe. Cette folie ne s’arrêtera pas. Elle ne s’arrêtera jamais. Car les gens obéissent. Ils obéissent parce qu’ils ont peur. Peur d’être contaminé et de contaminer. Peur de l’amende. Peur de l’autre. Ils tentent alors de cacher leur peur en dissimulant leur visage mais elle se lit dans leurs yeux. La peur prend racine dans l’ignorance. Et j’ai peur. Peur de leur peur. Peur de leur ignorance. Peur de ce qu’ils participent à construire. J’ai peur de ceux qui nous dirigent, qui sont devenus fous. Ceci n’est pas une crise sanitaire. C’est une transition politique. Une transformation civilisationnelle. C’est ainsi que disparurent la raison, la rationalité, la mesure, la connaissance et qu’ainsi commença l’obscurantisme. Ainsi renaquit la civilisation de la peur et de l’ignorance, ainsi revint-on à l’archaïsme et à l’obscurité dont l’Homme avait mis tant de millénaires à s’émanciper et qui a duré le temps d’un battement de cil. Et cette chose, cette muselière en est le symbole.

La complainte des sans-masques
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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 17:59

 

http://www.absolute3d.net/fond-ecran-image/11744-1/Ange+_3_.jpg

Son visage fin et pâle aux joues roses était encadré de long cheveux brillants et soyeux d'une noirceur d'ébène flottant autour d'elle en formant des boucles majestueuses. Elle s'attachait parfois les cheveux en chignon plus ou moins serré ou en queue de cheval, et elle aimait parer sa chevelure de fleurs des champs. Dans ses yeux d'un bleu pur et profond, l'océan. Une légère robe blanche ondulante ornée d'un corset coulait le long de son corps mince et gracile effleurant d'une caresse sa peau douce tel un papillon. Elle aimait se parer d'or et d'argent, de bijoux et de rubans. Un sourire rayonnant, des doigts délicats aux ongles blancs, elle personnifiait une certaine grâce. Dans cette grâce de la noblesse. Dans cette noblesse, un cœur bon et fragile. Elle était d'un côté la grâce et la noblesse, la naïveté et la bonté, la douceur. Elle n'était pas la mièvrerie. D'un autre côté, elle était également la détermination et la sagesse. Elle était l'intelligence et l'espièglerie. 

Derrière son apparence céleste et son air angélique se cachait un esprit fin et complexe. Elle aimait les relations humaines mais en avait peu. Elle ne mangeait pas, elle savourait. Elle aimait le lait de soja et les petits pains ronds et chauds au fromage accompagnés de salade et de cumin. Elle aimait la musique : Nightwish, Era, les musiques celtes, l'Ave Maria de Schubert et la flûte enchantée de Mozart. Elle aimait les livres et les écrivains, elle aimait l'art. Elle aimait la nature, elle aimait l'amour. Elle illuminait de sa présence le lieu où elle se trouvait. Elle ne marchait pas, elle flottait. Elle était une ode au Soleil, un hommage à la lune et dans son rire cristallin résonnaient la douceur des mers et la vasteté des déserts, la profondeur des forêts et la pureté et la blancheur des banquises. Elle était un ange. Un ange, mais pas une déesse. Il lui manquait ce regard déterminé, cette imposance qu'ont ces êtres divins.

                                                                                  

http://pepinemom.p.e.pic.centerblog.net/0om4n7ux.jpg

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23 août 2010 1 23 /08 /août /2010 11:39

           Je me tournais et me retournais dans mon lit sans parvenir à trouver le sommeil. Depuis le début des vacances, j'ai du mal à dormir. Au départ je croyais que mon horloge interne était perturbée par les changements horaires (je me couche tard, je me lève tard). Je pensais que mon sommeil allait se rétablir mais ça a continué. Une balade nocturne me ferait certainement du bien. Mais j'hésitais. Depuis plus d'un mois se produisaient des disparitions mystérieuses dans le village. Tout le monde à peur,on ne parle pus que de cela. Je reste allongée en m'éfforçant de m'endormir, en vain. D'un seul coup je m'assied sur mon lit et reste un instant les yeux dans le vague de l'obscurité. Mon regard s'égare vers mon radio-réveil qui indique 03:32. J'allume ma lampe de chevet et m'habille. Je saisis une lampe-torche et quitte ma chambre en allumant la lampe après avoir éteint la lumière de ma chambre. J'enfile mes chaussures. Les volets de la porte d'entrée sont fermés. Tant pis. Je passerai par le garage. Je sors délicatement et descend l'escalier en faisant le moins de bruit possible. La nuit est magnifique Une couche nuageuse couvrait le ciel laissant néanmoins apparaître des étoiles scintillantes. Je doit vraiment être folle de sortir seule en pleine nuit avec ces histoires de disparitions. En arrivant dans le lotissement j'ai l'étonnement de voir de la lumière dans la maison voisine. Je me demande ce qu'ils peuvent bien faire avec une lumière allumée à une heure pareille. D'un coup j'ai peur. Et si c'étaient eux? Absurde. Je me ressaisis rapidement et continue ma route. Je me dirige vers la route principale du village. J'aperçois une voiture rouler à vive allure sur la route du village. Que font des gens dehors à une heure pareille? Je marche sur la route dans la direction de la partie du ciel la plus éclairé : en direction de la ville. Je continue à marcher, à marcher, marcher... Je sens mes jambes faibles mais je continue. Je fixe un point particulièrement lumineux du ciel qui brille même derrière les nuages. Ce doit être Vénus. Au bout d'un kilomètre environ j'aperçois une étrange excroissance dans le champ. Je la reconnais, j'ai l'habitude de passer devant en voiture. Le jour elle ressemble à un monticule terreux recouvert d'arbustes. J'ai envie de le voir de plus près. Il fait nuit, je suis seule, personne ne me voit, qu'est-ce que je risque? J'ai quand même un peu peur. Je jette un coup d'œil circonspect avec ma lampe de poche pour voir s'il n'y a vraiment personne. J'y vais. La terre sous mes pieds est molle. Il n'y a aucune plantation. Tout ce qui pousse ici ce sont des cailloux. Je continue ma route jusqu'à ce fameux monticule que je peux maintenant examiner de près. Des arbustes, rien que ça. Je commence à me demander pourquoi le propriétaire du champ les a laissés là. Pourquoi ne les a-t-ils pas enlevés? Peut-être qu'il y cache quelque chose. Je fais le tour en espérant y trouver quelque chose. Peut-être un trésor ou quelque chose qui ne doit surtout pas être vu des habitants. Ou encore un passage secret qui mènerait vers une grotte secrète comme la grotte de Lascaux. Arrivé derrière, je vois un amas de pierres. L'une d'elles a une forme particulière : plate et lisse. C'est aussi la plus grande. J'approche ma main pour la soulever et je découvre un passage étroit dans lequel j'ai juste la place de me glisser. Je m'y introduit et touche rapidement le sol dur de mes pieds. Je découvre une grotte avec des parois recouvertes de ce qui me semblait être des peintures rupestres mais à y regarder de plus près j'observe d'horribles dessins tout en rouge et noir. Peut-être est-ce le repaire d'un maniaque me dis-je. J'aperçois un amas sombre dans un coin de la grotte. Je m'y dirige prudemment en m'attendant à y découvrir des corps. J'approche ma main et touche le tas. Soudain,

Le cri

Je  sors en courant. Une araignée est montée sur ma main! Je déteste les araignées!

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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 18:08

Monsieur Déry était un homme comme les autres. Un homme charmant, honnête, avec une femme charmante et un bébé. Il s'appelait Jules. Monsieur Dry était banquier. C'était un homme des plus normaux, Monsieur Toulemonde, quoi. Sauf qu'il était malchanceux. C'est souvent aux gens normaux qu'il arrive des problèmes. Mais il ne le sait pas encore. Il gara sa voiture et sortit pour aller tirer de l'argent juste en face. Il n'en avait que pour une minute. Il laissa sa clef sur le contact avec son fils sur la banquette arrière. Il n'en avait pas pour longtemps, ils ne risquaient rien... du moins c'est ce qu'il croyait.

 

Sébastien était un voyou des banlieues. Il avait la vingtaine Il s'était retrouvé plusieurs fois devant le tribunal pour vol ou dégradation. Ses parents, exaspérés, l'avaient mis à la porte à dix-huit ans. Il fut alors contraint à voler pour vivre. Il aurai pu trouver du travail mais il n'avait pas le bac en poche et il était, aux dire des gens du quartier, un bon à rien. De plus les éventuels employeurs le connaissaient de réputation. Il fréquentait une bande dans laquelle ils arboraient tous coiffures punk,

blousons de cuir, piercing et tatouages.

 

Aujourd'hui, en vagabondant dans les rues, il aperçut une mercedes en bon état. En changeant la plaque d'immatriculation il pourrait en tirer un bon prix. Il regarda aux alentours. Personne. Il se précipita sur la voiture. Miracle! La clef était sur le contact. C'était vraiment son jour de chance. Il s'installa et démarra. Monsieur Déry eut juste la surprise de voir sa voiture s'enfuir avec son fils à l'intérieur.

Sébastien roulait à vive allure à travers les rues. Il se dirigeait vers un entrepôt abandonné où lui et sa bande avaient l'habitude de déposer des objets volés ou de la drogue. Il gara la voiture là où il y avait de la place, parmi les télévisions, les sacs de drogue et autres voitures volées. Il s'apprêtait à quitter la voiture quand il entendit un bruit à l'arrière de la voiture. Il se retourna eut la surprise de trouver sur la banquette arrière un bébé d'environ un an à l'air calme en train de sucer sa tétine en le regardant. Il resta bouche bée, devant sa bouille d'ange : des cheveux courts blonds avec une petite houppette et des yeux bleus. Jules enleva sa tétine de sa bouche et sourit en tendant sa main vers lui.

Sébastien le prit dans ses mains et le souleva après l'avoir détaché de son siège bébé. Il continuait à le regarder béa. Jules rit. Il se demandait bien ce qu'il allait en faire. Le rendre à ses parents? Impossible, il ne connaissait pas leur adresse. L'amener à la police? Et puis quoi encore? Il allait se faire arrêter! Surtout qu'il avait un casier judiciaire. Et avec sa tête ils soupçonneraient qu'ils ne l'avaient pas trouvé abandonné. L'abandonner? Il serait condamner pour vol aggravé. Il le garderait chez lui en attendant de prendre une décision. Il l'emmena dans dans son modeste appartement désordonné et poussiéreux et le posé sur son lit défait. Il s'accroupit en face de lui en le fixant.

« Qu'est-ce que je vais faire de toi? … Comment tu t'appelles, d'abord, tu dois avoir un nom... Voyons voir ». Il s'assit sur son lit et pris le bébé sur ses genoux. Il se mit en tête de chercher un nom sur ses vêtements. Le tournant et le retournant malgré les protestations du bébé il finit par trouver une étiquette sur son col. « Ah tu t'appelles Petit Bateau! ». Il le souleva à hauteur de son visage de l'air de quelqu'un qui vient qui vient de découvrir la huitième merveille du monde. Le bébé le regardait d'un air grave. « Au fait, tu es une fille ou un garçon? Voyons voir... un garçon! En même temps, habillé en bleu, on aurait pu se douter que tu es un garçon ». Il le posa sur son lit et l'observa se promener sur le lit en rampant. Il posa le sommet de son crâne sur le lit, tendit ses jambes et et fit une galipette ratée et retomba sur le côté. Il se redressa et à quatre pattes se mit en quête d'exploration du lit.

 

 

Jules pleurait depuis une dizaine de minutes et Sébastien avait déjà tout essayé : du gigot d'agneau, des brocolis, de la bière... et sa couche était propre, il l'avait reniflée, elle ne sentait pas mauvais. Il eut soudain révélation : du lait! Il fallait qu'il achète du lait. Il courut à l'intermarché le plus proche. Il prit un pack de lait et un biberon. En rentrant, il remplit le biberon et l'enfonça doucement dans la bouche du nourrisson. Il s'arrêta de hurler quelques secondes et repris de plus belle. « Quoi encore? Tu veux que je te le fasse chauffer? ». Sébastien était exaspéré. Il l'aurait volontiers attrapé par la peau du cou pour le jeter par la fenêtre. Ce petit ange se serait forcément débrouillé avec ses ailes!

Il reprit la patience patience dont il avait tant besoin et attrapa une casserole dans laquelle il vida le biberon. Quand le lait fut à point, il le versa dans le biberon et l'enfourna dans la bouche de Jules en priant pour qu'il l'accepte cette fois-ci Miracle, le nourrisson se calma et but jusqu'à, la dernière goutte. Il l'installa sur un tas de couvertures prises dans un placard. Le bébé s'endormit et Sébastien, épuisé par cette journée baby-sitting, s'écroula sur son lit et s'endormit également. Son répit fut de courte durée. Sébastien fut brusquement réveillé. Il faisait encore nuit. Il se rendit compte que ce qui l'avait réveillé étaient les pleurs du bébé. Il se leva à contrecœur et prit « Petit Bateau » dans ses mains. « Qu'est-ce qu'il y a, encore? Il est où le bouton pour l'éteindre? ». Jules s'arrêta de pleurer, devint tout vert et sa bouche se tordit. Sébastien eut juste le temps de l'emmener au-dessus de l'évier dans lequel il régurgita le lait, qui agacé par tous ces aller-retours, s'enfuit dans les canalisations. Il lui rinça la bouche et le regarda. « Qu'est-ce qu'il faut que je fasse? Et pourquoi moi? Tu as été envoyé par le diable pour me pourrir la vie? Pour me punir? » Il le prit dans ses bras et Jules se blottit contre lui, s'endormant en suçant son pouce.

 

 

Quelle était donc cette odeur? Cela sentait comme dans une décharge. La poubelle était vide, il venait d'aérer mais ça puait toujours. Cela sentait comme... Comme une couche de bébé! Il prit le bébé (qui s'était déjà remis à pleurer) et renifla sa couche. Il comprit alors qu'il avait besoin d'être changé. Le changer! Il n'avait pas acheté de couches hier soir! Il devait aller en acheter immédiatement. Mai si il y allait tout de suite il laisserait le bébé mijoter dans sa... Hem hem, restons polis. Il allait d'abord le laver et ensuite il irait acheter de couches. Il se munit de gants et d'une pince à linge qu'il se mit sur le nez et prit son courage d'une main et du papier toillette et un éponge de l'autre. Il jeta la couche à la poubelle, essuya le derrière de Jules et finit de le laver dans l'évier avec l'éponge. Il le posa sur le lit et courut acheter des couches.

 

Son portable sonna. C'était Eric, qui lui demandait de l'aider à livrer de la drogue. Il accepta. Ils se donnèrent rendez-vous dans l'entrepôt. Sébastien s'apprêtait à quitter son appartement mais une fois arrivé devant la porte, il s'arrêta. Il se retourna et vit le bébé assis sur son lit d'un air de dire « et tu compte me laisser seul ici tout ce temps ? ». Il avait raison, ça risquait de durer un certain temps, il ne rentrerait peut-être que dans la soirée. Il ne pouvait pas le laisser là. Mais quelle serait la réaction d'Eric à la vue du bébé? Il décida néanmoins de le prendre avec lui.

Quelle ne fut pas la surprise d'Eric en arrivant! Il vit Sébastien accroupi en face d'un bébé assis sur un sac de drogue, gazouillant et le chatouillant pour l'amuser.

-C'est quio ça?

-Un bébé.

-Je le vois bien que c'est un bébé

-Alors pourquoi tu demandes?

-D'où il vient? C'est ton ex qui te l'a refilé?

-Non. Il était dans la voiture que j'ai volée.

-Pourquoi tu l'as pas jeté par la fenêtre?

Sébastien fut choqué par la question d'Eric.

-Je l'avais pas vu tout de suite. Je l'ai remarqué qu'après avoir garé la voiture.

-Alors pourquoi tu t'en es pas débarrassé?

-M'en débarrasser comment, répondit-il sur un ton irrité.

-Je sais pas, tu le laisses dans un coin et tu t'en vas.

-T'es pas fou? Abandonner un bébé?

-Quoi? Et alors? Après toutes les conneries que t 'as faites c'en est pas une de plus ou de moins qui fera la différence.

-Oh arrête. Grouillons-nous, on est en retard. Aide-moi plutôt à charger les sacs dans le coffre.

Ils s'exécutèrent sur-le-champ et quand ils eurent fini, embarquèrent.

-Tu comptes quand même pas l'emmener?

-Tu veux que j'en fasse quoi?

-Je te préviens : il chiale je le balance par la fenêtre.

 

A un feu ils furent repérés par un policier. Il s'avança vers eux d'un air soupçonneux. Eric et Sébastien commencèrent à paniquer. Il frappa la vitre de sa phalange, leur faisant signe d'ouvrir. Ils retinrent leur respiration et Sébastien baissa sa fenêtre. Le policier aperçut alors le bébé.

-Alors, Messieurs, on fait du baby-sitting?

-Oui répondirent-ils en cœur.

-C'est bien de voir des jeunes s'occuper d'un bébé, ça apprend les responsabilités. Avec tous ces voyous qui trainent dans le quartier, la police ne sait plus où donner de la tête. Je vois que tous les jeunes gens ne sont pas comme ça. Au revoir Messieurs.

 

Eric et Sébastien échangèrent un regard et et regardèrent le bébé qui venait malgré lui de les extirper d'une situation délicate. Ils reprirent la route tandis que Sébastien continuait de contempler Jules d'un air rêveur.

 

 

Jules avait grandi. Il avait maintenant onze ans et c'était maintenant un pick-pocket accompli. Jules et Sébastien avaient vécu bien bien des péripéties. Sébastien le considérait maintenant comme son fils. Il lui avait appris l'art du vol sous toutes ses formes et les principes de base du commerce de marijuana. Il n'allait pas à l'école, elle pourrait le ramener dans le droit chemin et puis c'était une perte de temps. Il lui avait appris à lire lui même. Il fréquentait les enfant du quartier. Il passait la plus grande partie de son temps dehors. Il y avait souvent des bagarres dans la rue mais il se débrouillait très bien en self-défense. Il l'assistait dans son travail, c'était un très bon assistant promis à un grand avenir de dealer ou de voleur de diamants.

 

Sébastien fut tiré de sa rêverie par Eric lui disant qu'ils étaient arrivés à destination. Sébastien sortit de la voiture et posa le bébé à sa propre place. Ils étaient arrivés devant une villa perdue en pleine campagne. Le type qui y habitait avait fait fortune en dealant. Il faisait venir de la drogue directement de Colombie et la redistribuait directement dans toute la France. Il avait pu se payer d'excellents avocats, c'est pourquoi il avait réussi à faire fortune sans se faire attraper. C'était un homme plutôt costaud vêtu d'habits de marque. Il portait une barbe grisonnante de quelques jours. Il leur sera la main cordialement et leur proposa à boire. Ils acceptèrent volontiers.

Son intérieur était assez luxueux mais pas kitch. Une décoration moderne avec des appareils de luxe. Une télévision à écran plat, un ordinateur dernier cri, des plaques électriques dernier cri avec une vitre pardessus pour un nettoyage plus facile. Ils parlèrent affaires et leur tendit une mallette pleine de billets.

Une fois de retour à l'entrepôt ils partagèrent l'argent « Regarde-moi tous ces biftons » Dit Eric en les agitant devant le visage de Sébastien. « Une partie pour moi, une partie pour toi et le reste pour les potes ».

 

 

Un jour dans la rue il passa devant une affiche sur laquelle il reconnut la photo de Jules. Il lut : « Recherche Jules, volé avec une mercedes immatriculée... » Il ne finit pas sa lecture et partit en courant tant il fut surpris et effrayé de voir l'avis de recherche du bébé qu'il avait dans ses bras.

Il s'arrêta dans sa course, une idée venait d'illuminer son esprit. Il allait enfin pouvoir s'en débarrasser! Il changea de direction, décidé à se rendre au commissariat de police. Arrivé devant le commissariat il s'arrêta. Il hésitait. Il regardait Jules dont il connaissait désormais le prénom. Devait-il vraiment entrer? Il se ferait arrêter. Et puis maintenant, il hésitait à s'en séparer. Cela faisait maintenant un mois qu'il était avec lui. Il était devenu maître dans l'art de préparer un biberon. Pourtant, il fallait bien qu'il retourne chez ses parents un jour, c'était prévu. Qu'en ferait-il si il le gardait? De toute façon, il commençait à se faire tard. Il allait bientôt être l'heure de son biberon. Il fit demi-tour pour rentrer chez lui. Il pénétra dans l'appartement d'où se dégageait une odeur de lessive. Il était maintenant propre et rangé. Il prépara un bain à bonne température, puis, une fois lavé, ill fit chauffer du lait « éveil de lactel » et le donna à Jules dans son biberon.

Enfin, il le coucha dans son lit qui se trouvait dans un coin qu'il lui avait aménagé. Il avait beaucoup appris sur l'art de s'occuper d'un bébé en l'espace e ses quelques jours. Il avait parcouru beaucoup de chemin depuis le jour où il lui avait proposé de la bière à boire et qu'il l'avait refusé catégoriquement. Aujourd'hui, il en riait. Aussitôt il se dit que si ses parents le voyaient, ils ne le reconnaîtraient pas. 

Un jour qu'il était en train de compter l'argent qu'il venait de gagner., Jules tenta de se lever sur ses deux pieds. Il dut s'y reprendre à plusieurs fois. Une fois en équilibre il tenta d'avancer un pied, puis l'autre. Sébastien l'observait. Il avançait un pied après l'autre avec prudence. Puis, satisfait, il continua de plus en pus vite, trébucha et s'affala de tout son long sur la couverture qui trainait à moitié. Sébastien courut le relever. Ce spectacle d'un bébé qui faisait ses premiers pas le surpris et l'émut.

Soudain, la porte s'ouvrit en claquant et des policiers entrèrent et braquèrent leurs armes sur lui en criant « les mains en l'air on ne bouge plus ». Ils le forcèrent à s'allonger par terre et lui passèrent les menottes. Il eut droit au traditionnel « vous-avez-le-droit-de-garder-le-silence-tout-ce-que-vous-direz-poura-être-retenu-contre-vous-le-jour-du-procès » pendant qu'on le conduisait au commissariat.

« Trafic de drogue, vol de voiture et kidnapping » énonçait l'inspecteur de police. Sébastien continuait à fixer ses pieds comme si ils pouvaient lui apporter le salut. Un médecin examinait Jules pour y déceler des traces de mauvais traitements. Il n'osait pas lever les yeux vers les parents. Soudain, il entendit une porte s'ouvrir. Il leva les yeux et et le médecin apparut avec Jules dans les bras. Il annonça « aucune trace de maltraitance. Il n'est pas affamé. C'est un bébé en pleine forme. En plus il est propre ». La vue de ses retrouvailles entre Jules et ses parents lui arracha une larme. Tout rentrait dans l'ordre. Jules retournait dans sa famille et lui en prison. Il le regarda s'éloigner avec tristesse. Jules dans les bras de sa mère continuait de le regarder puis détourna les yeux et regarda devant lui.

C'est à ce moment là qu'il se fit une promesse : la promesse qu'à sa sortie de prison il se mettrait à chercher un vrai travail, un femme avec qui il fondrait une famille.

 

 

-EPILOGUE-

 

Sébastien fut condamné à dix ans de prison. A sa sortie, il coupa sa crête pour arborer une coiffure correcte. Il passa son bac avec succès et devin éducateur pour jeunes délinquants. Il rencontra Alice. Ils se marièrent et eurent un fils. Ils l'appelèrent Jules.

 

-FIN-

 

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 12:55

« Vous êtes viré! » Il m'a annoncé cela ce matin. Je suis viré. Faute professionnelle. La raison exacte n'a pas d'importance. J'avais été viré à quelques années de la retraite. A mon âge, pour retrouver du travail, c'est la croix et la bannière. Comment vais-je faire? J'ai une femme et deux enfants encore étudiants. Ma femme travaille mais son salaire est trop maigre pour alimenter toute la famille.

En sortant je me rendis directement au bar. Je poussai la porte et pénétrai dans la chaude ambiance cannelle résonnant des chants ivres des habitués du bar. Je m'installai au comptoir et demandai une bière. Voyant ma mine déconfite, Jean-Louis (le barman) me demanda:

 

- Dis donc, tu en fais une tête, tu as passé une mauvaise journée? Ça c'est la tête du type qui a des problèmes au boulot.

 - Je suis viré. J'avais déjà du mal à joindre les deux bouts, comment vais-je m'en sortir maintenant? A quelques années de la retraite, comment vais-je retrouver du travail?

 - Oh désolé pour ton travail. Je t'offre la bière, cadeau de la maison.

Notre conversation fut interrompue par le claquement de la porte et un homme en tunique au visage recouvert d'une capuche entra. Il alla s'asseoir à une table au fond de la salle en y posant ses pieds. Jean-Louis l'avertit que s'il ne retirait pas ses pieds de la table, il le ferait sortir de son bar par la peau du cou. Encore un qui n'a rien d'autre à faire de sa journée que de venir dans les bars et de se comporter comme un malotru. Il ferait mieux de chercher du travail. Et puis regardez-moi ces fringues! Ce type était fagoté comme l'as de pique avec son espèce de tunique de moine du Moyen-Âge en lambeaux, ces chaussures boueuses qu'il n'hésitait pas à poser sur les tables et cette capuche qui lui tombait jusque sur les yeux! Il ne pleut pourtant pas ici! Ridicule! De toute façon elle doit prendre l'eau cette capuche. Et il entre et il pose ses pieds sur la table! Il y en a qui ne manquent pas d'air, pensais-je avec dédain. Il ne se le fit pas dire deux fois. Il retira ses pieds de la table. Il ne se fit plus remarquer de la soirée, mais je le sentais me scanner du regard. Je ne savais pas pourquoi, je sentais son regard me transpercer bien que j'étais retourné. Deux bières et demie plus tard je quittai le bar. La fripouille également. Je rentrais à pied, ma maison n'était qu'à quelques rues d'ici. Je pensai que ce type habitait dans la même rue que moi, vu qu'il me suivait, à une distance de quelques mètres.

Le repas du soir se déroula dans le silence. On aurait pu se croire à un enterrement si il y avait eu un petit peu plus d'animation. Ce fut ma femme, Laure qui coupa net au silence « Que va-t-on devenir sans ton travail? Pourquoi fallait-il que cela arrive maintenant? Comment allons nous vivre et payer les études de Francis et Justine? » J'essayai de la rassurer (et de me rassurer moi-même par la même occasion) « Ne t'inquiète pas, je finirai bien par retrouver du travail » lui dis-je en lui caressant l'épaule. Elle n'eut pas l'air convaincue. Je ne l'étais pas non plus. Nous désespérions déjà, avant même d'avoir essayé.

Nous évitâmes toute dépense inutile pendant que je me mettais en quête d'un nouvel emploi. Evidemment, les propositions ne fusaient pas. Nous gardâmes notre argent pour les choses nécessaires comme la nourriture et le loyer.

Déjà une semaine que j'étais sans travail et aucun emploi à l'horizon. Je marchais dans la rue, tête baissée, me demandant ce que j'allais devenir. J'avançais comme une âme en peine quand je passai devant un ruelle étroite débouchant sur une impasse d'où surgit le gus en robe de l'autre jour. Il était habillé de la même façon depuis la dernière fois. Je pensai qu'il s'agissait d'un SDF et je m'attendis à ce qu'il me demande une pièce. J'eus au contraire la surprise de l'entendre dire qu'il pouvait m'aider, qu'il pouvait me donner suffisamment d'argent pour pouvoir vivre sans devoir retrouver un travail.

Je lui demandai des précisions. Il s'approcha de mon visage et me murmura l'aberration suivante : «Vendez-moi votre âme et je vous paierai le prix nécessaire. Vous emporterez l'argent tout de suite». Il me proposait de m'acheter mon âme! Ce type, habillé comme au Moyen-Âge, qui avait l'air de ne pas avoir un sou voulait acheter mon âme! Il gardait l'air grave tandis que je le regardais bouche bée avec des yeux ronds comme des soucoupes. Je le repoussai en lui disant que j'avais d'autres chats à fouetter. En rentrant chez moi je racontai mon aventure à ma famille. Nous rîmes de bon coeur, ce qui n'était pas pour nous ennuyer en ces temps difficiles.

Cependant, la situation ne s'améliora pas. Nous dûmes couper notre connexion à Internet, nous séparer de notre télévision, nous nous nourrissions uniquement de premier prix. Bref, nous faisions beaucoup d'économies. Je me dis que j'aurais peut-être dû accepter le marché du fou en tenue de carnaval. Laure était de mon avis et me reprochait de ne pas l'avoir accepté. Quelques jours plus tard, qui vois-je en repassant devant l'impasse? Mon fou de carnaval! Il me proposa de nouveau son marché en disant que c'était la dernière fois qu'il me le proposait, que c'était à prendre ou à laisser.

Bon hé bien, soit, puisque ce type me proposait de m'acheter mon âme, vendons-lui! Qu'aurais-je donc à perdre? J'espérais seulement que cet argent eût plus d'existence que mon âme. Il me demanda de le suivre. Il me conduisit à travers les rues, à travers des ruelles que je n'avais jamais vues auparavant aux allures sombres et inquiétantes. Il me conduisit jusqu'à une petite boutique sans enseigne dont la porte s'ouvrit toute seule à notre arrivée. Quand je pénétrai, je découvrit une salle obscure faiblement éclairée par des bocaux verts phosphorescents remplis de... Je ne sais trop quoi.

Il flottait dans l'air une vague odeur de soufre. Il me tendit un parchemin et une plume d'oie... noire. Je ne savais pas qu'il existait des oies noires. « Signez et vous pourrez emporter l'argent ». Je pris le parchemin et apposai ma signature en bas de la page. Il reprit la feuille et me tendit une mallette que j'ouvris. Elle était remplie de billets. Je la refermai et sortis. Je zigzaguais à travers les sombres ruelles inquiétantes où soufflait un courant d'air glacé, ce qui était étrange car nous étions en fin mai.

De retour chez moi, j'annonçai à Laure que j'avais revu le gars en tunique et que j'avais accepté son marché. Je posai la mallette sur la table et l'ouvris dans sa direction. En voyant les billets dans lesquels luisaient la fin de nos problèmes financiers elle porta ses mains à sa bouche et poussa un cri de joie. Elle me sera dans ses bras « Tu nous sauve, Claude! Tous nos problèmes sont résolus! » Elle prit des liasses de billets dans ses mains « plus besoin de se priver, maintenant, allons acheter des choses! » Je souris. J'étais heureux de la voir se réjouir et d'avoir fait ce marché.

 

Le lendemain, à mon réveil, je n'étais pas inquiet. La situation avait été résolue mais je ne m'en sentais pas heureux pour autant. Je me levai et pris mon café machinalement. Nous devions aller faire des courses, d'abord aller au supermarché parce qu'il fallait racheter à manger, ensuite nous irions dans un grand magasin pour acheter des choses de luxe, puisque cela faisait plaisir à Laure. Nous irions également au restaurant, cela fera plaisir à tout le monde de manger autre chose que du premier prix pour la première fois depuis des semaines.

Je vécus cette journée sans état d'âme, je mangeai machinalement les mets sans les apprécier, non que je n'aimait pas mais je ne parvenais pas à les apprécier. Ils me semblaient fades malgré leur goût exquis.

Tout se passa pour le mieux durant ces quelques semaines. Elles se déroulèrent sans incident notable. Nous avions recommencé à vivre comme avant. C'était très bien, nous n'avions pas de quoi nous plaindre. Cependant, je n'avais ressenti aucun état d'âme depuis notre journée de courses. Je ne riais plus, je n'étais plus heureux, ni triste, ni rien. Je ne ressentais plus rien. Je ne rêvait même plus la nuit. J'essayai d'en parler à ma femme mais elle ne partagea pas mon inquiétude. Cette absence de sentiments commençait à m'inquiéter si bien que je finis par aller voir mon médecin qui ne trouva rien d'anormal. Soudain, je me souvins de mon marché et je commençais à ma demander si je n'avais pas vraiment vendu mon âme. Plus les jours passaient et plus mon état s'aggravait. Les choses que je trouvais belles, désormais je les trouvais fades. J'étais de plus en plus convaincu d'avoir vendu mon âme pour de vrai. Il fallait que je retrouve l'homme qui me l'avait achetée pour tenter de la récupérer. J'ignorais alors que les vrais problèmes n'avaient pas encore commencé.
Je ne tardai pas à retrouver la boutique de l'homme en tunique, mais ce ne fut pas sans peine. Une fois pénétré dans la première ruelle, le Soleil se ternit et la ruelle s'assombrit comme la dernière fois mais cette fois-ci c'était bien plus sombre. Le même vent glacé me fit frissonner. Ce n'était plus un simple courant d'air mais bien une bise glacée de tous les enfers. Plusieurs fois je crus voir passer un fantôme. Quand enfin je parvins à la boutique, la porte s'ouvrit seule comme la dernière fois.
La pièce était toujours aussi sombre et faiblement éclairée par les mêmes bocaux. Je m'aperçus que je pouvais voir ce qui était à l'intérieur : des volutes de fumée verte fluorescente dans lesquelles trempaient des visages orangés. Il était là. Je lui annonçai d'emblée que je voulais récupérer mon âme et qu'il avait intérêt à me la rendre. Il eut eut un rire. Le rire de l'homme qui vous a roulé dans la farine. Il me répondit qu'il était trop tard. Il ajouta qu'il ne m'attendait pas si tôt, que j'étais en avance. Mais puisque j'étais là, il allait me remettre mon premier contrat. Il me tendit la photo d'un homme que je n'avais jamais vu et m'expliqua que je devais le tuer. L'idée de tuer quelqu'un me révolta et je refusai net. Il répliqua que je ne pouvais plus refuser.
-Et pourquoi, demandai-je, puisque je n'ai pas encore signé le contrat?
-Vous avez signé l'acte de vente, non? Les conditions de vente étaient écrites, vous n'aviez qu'à les lire.
Il me tendit l'acte de vente et je lus : « La personne qui vend son âme s'engage à accepter n'importe quel contrat, dans dans n'importe quelle condition et s'engage également à la mener à bout en la faisant passer avant toute chose. Ladite personne s'engage également à ne pas se révolter contre l'acheteur et à ne pas tenter de récupérer son âme ». Je demandai :
-Et qu'est ce qu'il m'arrive si je refuse?
Il me prit par le bras et me conduisit devant une des étagères qui supportait les bocaux.
-Vous voyez ces âmes? Elles sont enfermées dans ces bocaux bien en sécurité. Si vous enfreignez une règle, la vôtre sera immédiatement expédiée en enfer.
Il repris le parchemin et poursuivit.
-Cet homme est sorti de prison hier. Il a commis un meurtre mais il compte se racheter. Vous devez le tuer avant qu'il ne parte à la concurrence. Voici son adresse.

    Je pensai que la “concurrence” en question était le paradis par opposition à l'enfer. L'idée de me retrouver en enfer n'étais pas très alléchante. J'acceptai donc à contrecœur. Il ajouta un « ne vous en faites pas pour votre famille » que je ne compris pas mais cela n'allait pas tarder. Je quittai la boutique pour rentrer chez moi et en arrivant devant la maison j'assistai au pire spectacle de ma vie. Ma famille rentrait en voiture lorsqu'un camion arriva et freinant brusquement, se renversa et tomba sur le côté, écrasant la voiture comme une puce. Ils moururent tous les trois sur le coup. Aussitôt je fis demi-tour pour retourner à la boutique, bien que je ne tenais pas vraiment à retraverser les ruelles effrayantes. J'entrai en tempête et lui demandai en hurlant s'il était responsable de leur mort. Il me répondit calmement « Nous ne voulions pas qu'ils interviennent entre vous et moi, mais ne vous inquiétez pas, ils ont été admis au paradis. Oh pardon, vous ne pouvez pas vous inquiéter, sans votre âme vous ne ressentez pas d'émotions. Vous n'êtes même pas triste, n'est-ce pas? ». Je m'aperçus alors que je ne ressentais aucune peine pour ma famille. Je quittai la boutique, fâché de ne plus ressentir d'émotions. J'étais en colère (l'étais-je vraiment?) contre moi même de ne pas avoir de peine et surtout contre ce type qui m'avait retiré toute émotion. Ma famille venait de mourir et moi je me baladais comme si de rien n'était. Le soir même, je me couchai et m'endormis en pensant à la mission que je devais remplir le lendemain.

A mon réveil, j'avais fait un drôle de rêve. J'avais rêvé que j'allais chez ma victime et que je la tuais. J'entrai chez l'homme que je devais tuer armé d'un marteau et le trouvai dans son salon. Il fut surpris et effrayé de me voir. Je lui assénai des coups sur la tête. Il essaya de se protéger avec ses bras mais bientôt le sang gicla et il s'effondra le crâne défoncé. C'était sans doute ma mission qui me travaillait l'esprit mais cela m'avait semblé si violent, si réel.

Je me rendis comme prévu à l'adresse indiquée armé d'un revolver et surprise! il y avait des voitures de police et des bandes jaunes devant la porte! Au bout de quelques secondes j'eus une révélation. Je l'avais tué pendant la nuit! J'avais sans doute été contrôlé pendant mon sommeil. Cela expliquait mon rêve. Je fis demi-tour en pensant. Je n'étais plus qu'un automate sans âme, incapable de ressentir la moindre émotion, qui plus est télécommandé pendant son sommeil.

Les nuits pendant les semaines qui suivirent furent souvent identiques à cette nuit. Je commis les pires actes que l'on peut imaginer. Je tuais parfois des innocents, des femmes, des enfants... Et je ne pouvais rien y faire. Cette situation commençait à me peser. J'aurais fait n'importe quoi pour récupérer mon âme. J'aurais voulu revenir en arrière pour ne pas signer ce maudit contrat. Combien de temps cela allait-il encore durer? Un moment? Pourrai-je un jour récupérer mon âme? Toute la vie? Plutôt mourir! Le pouvais-je au moins? Et si j'étais éternel? Et si je ne l'étais pas, que deviendrai-je à ma mort? Irai-je en enfer? Aucune des ses deux solutions n'était très alléchante.

Je devais retourner le voir.

Je retournai donc à la boutique, le sommant de me rendre mon âme. J'en paierai le prix qu'il faudra! Il éclata de rire. « Vous pensez vraiment que l'argent m'intéresse? J'ai tout ce qu'il me faut en bas ». Me précipitant sur les étagères je cherchai l'âme qui fut la mienne. « Cela ne peut plus durer » hurlai-je, « je ne ferai plus rien pour vous, où est-elle? ». J'aperçus un bocal dans lequel trempait mon portrait en relief d'un orange de braise. J'essayai de m'en emparer mais au moment de m'en saisir je reçus comme une décharge électrique qui m'envoya valser par terre. Il éclata de rire. D'un rire glacé. « Vous pensiez vraiment pouvoir vous en sortir ainsi? Ces bocaux sont protégés par un enchantement. Vous avez failli à une des règles. Pour votre peine vous irez donc en enfer, comme promis. Ce soir minuit votre âme sera expédiée en enfer ». Je me redressai et hurlai :

-Vous n'avez pas le droit!

-Et comment que j'en ai le droit!

Il fit un geste du bras et disparut dans un épais nuage de fumée noire qui se répandit dans toute la pièce puis les murs et les meubles disparurent. Il faisait sombre, j'avançais à l'aveuglette sans rencontrer d'obstacle. Je ne me trouvais plus dans la boutique mais je ne savais pas où je me trouvais. Soudain la fumée se dissipa, laissant apparaître les murs et le mobilier familier de mon salon. J'avais été téléporté jusqu'à chez moi. Je m'assis sur la chaise la plus proche de moi. Comme je regrettais de ne pas l'avoir pris au sérieux. J'aurais fait n'importe quoi pour pouvoir retourner en arrière mais il était trop tard. Maintenant j'allais être expédié en enfer.

 

                                                  -FIN-

 

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17 octobre 2009 6 17 /10 /octobre /2009 09:43

        Je viens de terminer les cours par trois heurs de maths. Trois heures de pur Arabe. Ah! las maths! C'est abscons, les maths. Dès que le prof parle de géométrie mon esprit prend la tangente! Il s'en va vers des horizons plus verts, plus beaux, plus ensoleillés, plus poétiques...
        En sortant de cours, j'avais l'intention de me mettre au travail. On a beaucoup de devoirs pour lundi, alors autant s'y mettre tout de suite. Je commence à lire un texte en Espagnol et voilà que je ne peux plus me concentrer. Mon esprit est saturé par les cours et les idées noires du jour. J'ai eu deux mauvaises notes, aujourd'hui. Je me dis que que je n'y arriverai jamais, que j'aurai beau faire de mon mieux, mes résultats seront toujours les mêmes. Enfin bref, c''est l'embouteillage dans ma tête. Le trafic est très difficile. L'Anglais, l'Espagnol, le Français, le déséspoir essaient de se faufiler en même temps sur la même voie. Inutile de klaxonner, ça n'avancera pas plus vite! Ils se dirigent tous dans la même direction, tous essaient d'entrer dans ma caboche! Mais une fois arrivés, les matières scolaires prennent direction Mémoire, tandis que les poids lourds, noirs et polluants prennent direction Moral qui aujourd'hui est une région froide. La température n'y dépasse guère les zéro degrés. Je détourne la circulation en écrivant ces lignes. Le débit des mots est assez rapide au début, mais la ressource commence à s'épuiser et puis j'ai du travail. C'est pourquoi je vais conclure et me remettre au travail sur cette dernière phrase.


                                                   http://www.lelivredelaveugle.fr/000pile.jpg

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