Mon Univers : littérature, sciences et histoire se côtoient avec une pointe d'humour et de musique dans une chaude ambiance de feu agrémentée de photos, de dessins, de nouvelles et de citations.
Quand la porte s’ouvrit, un grand gaillard souriant se trouvait dans le passage et me fit entrer. Il portait une veste bleu marine et son cou était étranglé par une cravate bicolore. Il me tendit son épaisse main qui écrasa mes phalanges. Puis, de l’autre, il m’indiqua le porte-manteau, m’invitant à découvrir mes épaules ainsi que ce qui serait désormais mon espace de travail. Au milieu de la pièce régnait le bureau en bois massif sur lequel trônait un ordinateur noir accompagné de son imposante tour. Contre le mur siégeait une armoire, sur elle, reposait une imprimante dont la gueule ouverte semblait réclamer sa manne de papier. Je pouvais observer pêle-mêle des piles de dossiers de différentes couleurs entassés sur le bureau et sur l’armoire. Des dossiers bleus, des verts, certains étaient jaunes, d’autres roses. Ils étaient plus ou moins épais. Alors que certains, les plus fins, avaient la délicatesse de ne renfermer que quelques pages, d’autres s’enorgueillissaient d’avoir l’épaisseur d’un dictionnaire. Au mur, une stricte horloge allait rythmer ma journée, ponctuée de détails de plus ou moins grande importance et dont me reviendrait la tâche de les ordonner ; c’est elle qui, de ses aiguilles acérées, contrôlerait mon respect des échéances, me dirait quand arriver et m’autoriserait à partir. Ce tableau m’inspirait un mélange d’excitation et d’anxiété. Un étrange sentiment d’achèvement m’envahit, traduisant à la fois le fait d’avoir trouvé sa place dans le monde du travail et la fermeture d’un faisceau de potentialités professionnelles que j’avais imaginées des années auparavant.