Ce matin, j’aurais aimé que ce ne fût qu’un rêve. Ce matin, je me suis réveillé·e dans un monde malade. Dans un monde fou. Aujourd’hui encore, en me réveillant ce souvenir m’est réapparu. Ces images que j’avais vues la veille m’ont de nouveau sauté au visage. Ce matin, encore. Comme tous les matins qui suivront. Ce matin, ce souvenir m’est revenu, ce souvenir que j’habitais dans un monde que la raison avait quitté. La réalité m’est revenue, m’étouffant de ses doigts glacés, creusant mes entrailles de ses griffes acérées. Le rêve et la réalité semblent s’être inversé·e·s. Le sommeil est le répit qui me permet de sortir de ce cauchemar et l’éveil me plonge dans ce cauchemar éveillé. Je me suis réveillé·e dans la cinquième dimension. Dans une réalité parallèle. À chaque réveil, une sensation de surréalisme me prend. À chaque instant, une sensation d’irréel m’étreint. Je n’y crois pas. J’ai l’impression d’être hors de ce monde, de regarder le monde à travers une vitre, à travers un écran d’une salle de cinéma dans laquelle on m’aurait embastillé·e et qui diffuse un film d’horreur science-fiction qui n’en finit pas. Et pourtant, tout cela est bien réel. Oh ! Comme j’aurais aimé me rendormir ! Et me réveiller que tout cela ne fût qu’un mauvais rêve ! Comme j’aurais aimé me rendormir, quitter ce monde et ne plus le retrouver ! Je me suis souvenu·e, en ouvrant les yeux que dehors, déjà, des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes et des moins jeunes étaient obligés de se couvrir le nez et la bouche pour sortir. Ils y sont obligés non pas par nécessité, ils y sont obligés par décret. Cela a d’abord commencé dans les lieux couverts, puis cela a été étendu à certains lieux ouverts, et depuis, cela a commencé à se généraliser à tous les lieux achalandés que ce soit en intérieur ou en extérieur. Chaque rue fait désormais l’objet d’une obligation de dissimuler une partie de son visage. Et maintenant, ce sont les enfants qui sont privés d’air huit heures par jour dans les salles de classe. Cette folie ne s’arrêtera pas. Elle ne s’arrêtera jamais. Car les gens obéissent. Ils obéissent parce qu’ils ont peur. Peur d’être contaminé et de contaminer. Peur de l’amende. Peur de l’autre. Ils tentent alors de cacher leur peur en dissimulant leur visage mais elle se lit dans leurs yeux. La peur prend racine dans l’ignorance. Et j’ai peur. Peur de leur peur. Peur de leur ignorance. Peur de ce qu’ils participent à construire. J’ai peur de ceux qui nous dirigent, qui sont devenus fous. Ceci n’est pas une crise sanitaire. C’est une transition politique. Une transformation civilisationnelle. C’est ainsi que disparurent la raison, la rationalité, la mesure, la connaissance et qu’ainsi commença l’obscurantisme. Ainsi renaquit la civilisation de la peur et de l’ignorance, ainsi revint-on à l’archaïsme et à l’obscurité dont l’Homme avait mis tant de millénaires à s’émanciper et qui a duré le temps d’un battement de cil. Et cette chose, cette muselière en est le symbole.
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