5000 personnes dorment à bord d'un vaisseau spatial, le Starship Avalon qui voyage à destination de la planète Homestead II. Le voyage est d’une durée de 120 ans. Les passagers sont maintenus dans un état d’hibernation le temps du voyage dans des capsules individuelles. Ils sont supposés se réveiller quatre mois avant l'arrivée. Mais un accident survient lorsqu’un météore particulièrement gros parvient à traverser le bouclier du vaisseau provoqu ant un dysfonctionnement. Un passager nommé Jim Preston, mécatronicien de fonction, se réveille 90 ans trop tôt. Celui-ci va rapidement comprendre qu'il est condamné à passer tout le reste de sa vie seul à bord du vaisseau.
Un certain nombre de thèmes sont présents dans ce film : bien sûr le rapport à la technologie, mais aussi l’amour, la mort, la solitude, mais également les loisirs, la nature et la jouissance.
Tout d’abord, nous analysons le cadre du film : un vaisseau à destination d’une planète nouvelle avec à son bord un simple mécatronicien en route pour une terre où il pourra se rendre utile, construire sa maison. Cette allégorie est celle du simple ouvrier qui traverse la mer ou l’océan pour immigrer. Ce voyage intersidéral est en fait une prolongation du sans-frontiérisme.
Quand il se rend compte qu’il s’est réveillé trop tôt, Jim tente tout pour essayer de tout faire rentrer dans l’ordre, en vain. Il cherche alors du réconfort auprès d’Arthur, le barman androïde du vaisseau qui lui dit de ne pas penser à pourquoi il est là, maintenant et qu’il devrait profiter de ce qui est disponible. La situation de Jim est une allégorie de la présence de l’homme sur Terre : un accident. Tout comme Jim s’est accidentellement réveillé au milieu de l’espace bien que tous les androïdes lui soutiennent que c’est impossible, l’apparition de l’homme sur la Terre, au milieu de l’espace est due à un hasard improbable. De la même manière que Jim s’est réveillé accidentellement sans moyen de se rendormir et n’a plus qu’à profiter des services proposés par le vaisseau, l'homme doit chercher à profiter au maximum de la vie plutôt que de passer son temps à essayer de lui trouver un sens ou de chercher à miser sur un éventuel au-delà. C’est ce qu’il va faire sur les conseils d’Arthur, son unique compagnon.
Jim va alors profiter de toutes les prestations que le vaisseau offre, notamment en matière de loisirs : restaurants, basket, bar, danse, balade dans l'espace, piscine, jeux vidéos… Jim va alors entrer dans une utilisation anarchique de ses loisirs solitaires, libéré de toute autorité et de tout regard social. très vite, la solitude commence à le ronger et Jim sombre peu à peu dans une dépression qui va même le conduire au bord du suicide. Un jour, il trouve la cabine d’Aurora Lane à qui il va s’intéresser à travers des interviews disponibles à bord du vaisseau. Il est alors tenté de la tirer de son sommeil pour se sortir de sa solitude. Un dilemme s’offre à lui : mettre une autre personne dans le même pétrin que lui sans possibilité de retour en arrière en s’offrant la possibilité de se sortir de sa solitude et de vivre une histoire d’amour ou continuer à vivre seul sans la déranger. Malgré ses tentatives ne ne pas céder à la tentation, il finira par y céder.
II – Une vie à deux, seuls au monde
Aurora a d’abord du mal à se faire à l’idée de passer sa vie à bord du vaisseau. Commence alors pour eux deux une vie d’amour et de luxe, une vie de couple de rêve où ils se partagent à eux seuls tous les loisirs disponibles à bord du vaisseau qui trouvent alors une nouvelle dimension. L'homme est un être social avant tout. Un être qui ne peut pas être heureux s'il vit seul, quand bien même il aurait accès à tout ce qu'il veut. La jouissance solitaire, anarchique et nihiliste ne peut lui procurer le bonheur. La jouissance doit se faire dans un cadre collectif, en communion avec les autres. Grâce à elle, il a accès à de nouvelles prestations alimentaires, plus luxueuses, celles-ci. Seul, il n’avait accès qu’à des petits déjeuners bas de gamme, mais comme Aurora a payé un voyage de première classe, il peut accéder à des petits déjeuners de luxe. L’individu seul ne se suffit pas à lui-même, il a besoin de congénères avec qui il peut être complémentaire. Jim, dans sa jouissance solitaire, était malheureux. Mais avec Aurora, sa « femme », il retrouve le bonheur. Cela fait aussi écho au récit biblique Adam et Eve. Adam se sentait seul et Dieu lui a suscité une femme pour qu'il puisse y trouver calme, joie et sérénité auprès d'elle.
III – Le vaisseau en péril
Un troisième personnage est réveillé, il s’agit du chef du quart, Gus Mancuso dont la capsule vient de subir un dysfonctionnement. Le dysfonctionnement de sa propre capsule a provoqué chez lui des nécroses internes, il est donc condamné. Grâce à lui, ils ont accès à tout le vaisseau. Il va les aider à comprendre l’origine des dysfonctionnements du vaisseau. En effet, ils découvrent que suite à la collision qui a réveillé Jim, les problèmes s’enchaînent et se déchaînent, mettant le vaisseau et toute sa communauté humaine en péril. Ils vont alors devoir chercher l’origine de la panne et y remédier, au péril de leur propre vie. C’est l’utilisation de la technologie qui est ici critiquée et qui met en péril l’humanité. Cela nous renvoie à notre utilisation actuelle de la technologie. Lors de la dernière scène du film, on voit dans le hall qu’un immense jardin a poussé que des robots sont en train d’entretenir. Les deux personnages ont retenu la leçon du risque technologique et qu’elle doit être utilisée en harmonie avec la nature. C’est le message que veut nous envoyer le film à ce moment là.
Le rapport à la mort est également présent et s’affirme de plus en plus au cours de ce film. D’abord, c’est Jim qui découvre qu’il va mourir à bord du vaisseau, ensuite Aurora qualifie le geste de Jim consistant à l’avoir réveillée de « meurtre », Gus meurt à la suite de son réveil brutal et accidentel, enfin, c’est la vie de tous les passagers qui est en jeu. D’abord, ce rapport à la mort trouve comme réponse la jouissance absolue à travers l’amour et les loisirs, à la fin, il faut remédier au risque que tout le monde meure accidentellement. Cela nous renvoie naturellement à notre propre rapport à la vie et à la mort. En effet, en l’absence de vie céleste, nous devons profiter au maximum de notre vie terrestre. Cependant les conséquences de l’application de cette idée qui passe par l’utilisation de la technologie et le consumérisme sont en train de mettre l’humanité en péril. Pour l’éviter nous devons utiliser plus sagement la technologie.
Conclusion
L’apparition de l’homme au milieu de l’espace, tout comme le réveil de Jim Preston, est accidentel. Plutôt que de se perdre en conjectures sur le but de sa présence, il faut profiter de ce qui est à notre disposition ici bas. La jouissance ne peut être que collective, son aboutissement étant l’amour entre deux êtres.
Le film apparaît comme le passage d’hommes d’une terre à une autre, une « traversée du désert » qui a pour objectif de reconstruire ailleurs une civilisation nouvelle. Le vaisseau et les capsules d’hibernation sont en quelque sorte les cocons dans lesquels l’humanité subit une mutation qui va les mener à une utilisation plus parcimonieuse de la technologie, en harmonie avec la nature.